Dans l’Allier, comme dans toutes les régions françaises, près de la moitié des mares a disparu depuis le début des années cinquante. Occupant de petites surfaces, les mares assurent pourtant des fonctions importantes dans nos paysages.
Selon leurs usages, ces « creux », comme elles sont appelées dans l’Allier, peuvent être situées dans une cour de ferme, au centre du village, dans un pré, en forêt …
Elles permettaient autrefois de fournir l’eau de consommation, de laver le linge ou plus rarement de nettoyer les carrosses. Elles jouent un rôle important dans l’épuration des eaux et restent un bon moyen de lutter contre le ruissellement et l’érosion.
Réservoirs de vie, elles renferment également de nombreuses espèces animales et végétales rares, tout en remplissant des rôles écologiques et économiques diversifiés.

Les mares sont des pièces d’eau stagnante, permanentes ou temporaires, de petite surface, ou pour les plus grandes, ne présentant pas de système de vidange (ce qui les différencie des étangs).

Réparties inégalement dans le département de l’Allier, les mares sont bien représentées dans le bocage, le bassin de Montluçon et en Sologne Bourbonnaise avec une densité moyenne de six mares au kilomètre carré. En Limagne, cette proportion est nettement moindre car l’extension des cultures céréalières a entraîné leur disparition. De même, en montagne Bourbonnaise, les systèmes d’irrigation mis en place jadis, à partir de mares, ont été abandonnés, réduisant le nombre de « creux ».

Les biefs, serves ou canaux existants autrefois, sont restés à l’esprit grâce à des noms locaux comme « Saint-Nicolas-des-Biefs ».

Aujourd’hui, dans l’Allier, les mares sont destinées, en majorité, à abreuver le bétail et sont entretenues par les agriculteurs. Elles jouent un rôle hydraulique important de par leur fonction de réservoir. En effet, elles régulent le ruissellement des eaux de pluie et interviennent donc dans la lutte contre l’érosion des terres agricoles, les inondations, les pollutions de captages d’eau potable. A cette fonction régulatrice s’ajoute un rôle épurateur : la végétation aquatique oxygène l’eau, absorbe les éléments minéraux et piège les flux de polluants, notamment l’azote (nitrates).

Les mares sont aussi de véritables réservoirs de vie. Elles accueillent en effet de nombreuses espèces animales et végétales aquatiques, souvent devenues rares. Le grand nombre d’espèces de plantes recensées s’explique notamment par la diversité des milieux environnant les mares (forêts, pâtures …), des types de sol (argile, sable …) et de leurs utilisations anciennes ou actuelles.

Neuf espèces rares ont été mises en évidence dans le cadre de l’étude réalisée par le Conservatoire des Sites de l’Allier, dont trois protégées dans toute la France. Deux types de plantes carnivores ont ainsi été découverts dans les mares : les rossolis ou drosera, et les utriculaires.

La végétation qui se développe dépend de nombreux paramètres comme la profondeur, la qualité de l’eau, la lumière. Elle se répartit en mosaïque concentrique. Le centre de la mare accueille une végétation strictement aquatique : les hydrophytes. Ces plantes sont soit flottantes comme les lentilles d’eau ou les utriculaires, soit enracinées sur le fond comme les potamots.

Sur les berges en pente douce, on peut observer des hélophytes, plantes aquatiques enracinées dans la vase inondée ou non selon le niveau de l’eau, variable au fil des saisons. Cette ceinture qui borde la mare sert de refuge à de nombreuses espèces animales.
Larves d’insectes, tritons et grenouilles se reproduisent et se développent préférentiellement dans cette zone, à l’abri des prédateurs. La faune est favorisée par une végétation diversifiée qui constitue une zone importante de nourrissage, de ponte et de refuge.

Des plantes carnivores

Rossolis

Certaines mares sont très pauvres en éléments minéraux et azote. Seules peuvent y vivre les plantes qui se sont adaptées à ces conditions difficiles.
Pour pallier le manque de nourriture, elles ont mis au point des systèmes pour capturer insectes et autres animaux de petite taille, qu'elles digèrent.

Les rossolis possèdent des feuilles couvertes de poils gluants qui, tout en attirant les insectes comme la "rosée du soleil" (d'où le nom), les immobilisent puis les décomposent grâce à l'action des glandes sécrétrices.

Les utriculaires ont mis en place des pièges à aspiration au niveau de leurs feuilles immergées. Celles-ci sont pourvues de sortes de vésicules ou "utricules". La larve d'insecte ou le minuscule crustacé passant à poximité sera happé puis digéré.

Une densité élevée de mares est également bénéfique à cette diversité animale car les échanges s’effectuant au sein d’un réseau maintiennent les populations saines. Les mares accueillent de nombreux insectes, des larves et des adultes. Certains ne passent qu’une partie de leur vie dans l’eau. C’est le cas des libellules dont seules les larves sont aquatiques. 33 espèces liées aux eaux stagnantes ont été mises en évidence lors de l’étude réalisée sur les mares d’Allier.

D’autres insectes restent en permanence dans l’eau comme la Notonecte, une punaise d’eau qui nage sur le dos. Parmi les oiseaux, beaucoup fréquentent la mare de façon occasionnelle pour se nourrir, d’autres comme la Poule d’eau y résident à plein temps. Une ceinture de végétation développé lui sert de refuge.

Des batraciens peu connus : les Tritons

Les tritons passent souvent inaperçus dans nos mares. Contrairement aux grenouilles et crapauds. Ils ne chantent pas pour attirer les femelles et restent complétement imergés. Tous les tritons sont protégés en France mais certains présentent des populations beaucoup plus restreintes que d'autres, comme le Triton crêté qui est protégé au niveau européen.

Carnivores, les tritons se nourrissent d'insectes, de petits crustacés, de vers ...

Les amphibiens regroupent tritons, salamandres, grenouilles et crapauds. Dans l’Allier, 15 espèces ont été recensées dans les mares. Certaines sont communes dans le département, comme la Rainette verte et d’autres sont plus rares, comme le Triton marbré présent uniquement dans l’ouest de l’Allier. Le nom « amphibien » signifie « qui mène une double vie ». En effet, ils peuvent vivre sur terre comme dans l’eau. Deux phases, l’une aquatique et l’autre terrestre, peuvent être distinguées au cours de l’année. La phase aquatique correspond à la période de reproduction, au printemps. Les adultes rejoignent les mares et les étangs pour y pondre. Les larves, dépendantes de l’eau, s’y développent.

Dès l’été, les adultes quittent le milieu aquatique. Pour les jeunes de l’année, la phase terrestre commence à l’automne. Tous quittent les mares pour passer l’hiver à l’abri des basses températures dans des souches, des tas de bois ou pierres.


Texte tiré de la plaquette éditée par le Conservatoire des Sites de l’Allier
20 rue de la baigneuse – 03400 YZEURE

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les mares d'Allier

Le livret de 13 pages est disponible au Conservatoire des Sites de l'Allier au prix de 3 euros (+frais d'envoi)

SOMMAIRE

  • Les mares en question

  • - Des mares à préserver
    - Une mosaïque de plantes aquatiques et terrestres
    - L'univers des insectes et des amphibiens
    - Gestion des mares, un entretien nécessaire


  • Gestion écologique

  • - Un exemple de gestion "la mare de Bellevue"

  • Conservatoire des Sites de l'Allier

  • - Une protection sur le long terme

  • Bibliographie

  • - Documents pratiques